samedi 18 octobre 2014

Deux sites ludiques pour découvrir l'Antiquité en s'amusant

Récréation de vacances : deux sites ayant pour sujet l'Antiquité, qui pourront intéresser les collégiens comme les lycéens par leur simplicité mêlée à leur sérieux scientifique...
Bonnes vacances.
B.D.

Pour mieux connaître l'empereur Hadrien et l'Empire romain au II°s.

Pour comprendre l'archéologie et découvrir l'archéozoologie


lundi 13 octobre 2014

Texte conférence 1


Le texte de la conférence n°1, très généreusement offert par Anastasia Painesi, qui nous a embarqués pour un voyage aux Enfers l'autre soir, est disponible ici même.
Bonne lecture ! Et merci encore à Anastasia.
B.D.

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L’Homme et l’Au-delà :
Pistes de réflexion sur l’iconographie des châtiments infligés dans le Royaume d’Hadès

 
Je souhaiterais d’abord remercier M. Le Cor, Proviseur du Lycée, et M. Maisonnial, Proviseur Adjoint, ainsi que votre professeur M. Dercy qui m’ont invitée à vous parler aujourd’hui sur le châtiment divin antique, sujet qui fait partie de ma thèse de doctorat.
La présente intervention portera notamment sur les préoccupations de l’homme antique quant au destin de son âme après la mort, préoccupations qui sont d’ailleurs aussi celles de l’homme actuel.
Je me référerai, d’abord, brièvement à la topographie du Royaume d’Hadès et à ses habitants. Ensuite, je me focaliserai essentiellement sur les châtiments infligés dans cet endroit, évoqués dans les textes littéraires et surtout l’iconographie de l’époque classique. Enfin, je tâcherai de retracer de façon succincte l’évolution au fil des siècles de ces motifs, qui ont fasciné auteurs et artistes de l’Antiquité jusqu’à l’époque moderne.


Topographie du Royaume d’Hadès

Durant l’Antiquité, le Royaume des Morts était sous l’exclusive juridiction d’Hadès, fils de Cronos et de Rhéa, frère de Zeus et de Poséidon.
La topographie de son royaume était bien établie déjà depuis l’époque d’Homère et d’Hésiode, vers le milieu du VIIIe siècle av. J.-C. Le domaine est traversé par quatre fleuves, l’Achéron, le Pyriphlégéthon, le Styx et le Cocyte. Il est entouré des bois (dits de Perséphone) comportant de saules et de peupliers aux fruits morts, des marais créés par les eaux stagnantes des rivières (Homère, L’Odyssée, x.509-515), ainsi que d’autres endroits propres aussi au monde des vivants, comme des prairies (le Pré de l’Asphodèle, xi.539). Malgré ses ressemblances topographiques avec le monde des vivants, le Royaume des Morts est, selon Homère, un endroit sombre et triste, dominé par une atmosphère de mélancolie propre à l’état des âmes des morts (aussi bien des vertueux, que des hybristai, à savoir des personnes ayant commis des démesures horribles envers les Olympiens et les lois établies par eux). Ces âmes ne sont désormais que des ombres (σκιαί) avides de sang. Enfin, l’Autre Monde est férocement protégé par Cerbère, le chien aux trois têtes, qui empêche les entrées et les sorties non-autorisées (Hésiode, Théogonie, 767-773).

Une impression assez précise de l’image que les Grecs avaient du Royaume d’Hadès devrait être représentée dans la Nekyia, le tableau de Polygnotos de Thasos qui décorait, vers le milieu du Ve siècle av. J.-C. (ca. 460 av. J.-C.), la Lesché des Cnidiens à Delphes –un édifice qui servait de point de rencontre des visiteurs du sanctuaire. La peinture, inspirée par la Minyade, les poèmes d’Archiloque et surtout le onzième chant de l’Odyssée, est devenue elle-même un point de référence essentiel aussi bien pour les auteurs, que pour les artistes postérieurs.

A part les figures des défunts, l’œuvre contenait, selon Pausanias (Pausanias, X.28-31), qui l’a explicitement décrite (X.28-31), un grand nombre d’éléments indicatifs de la topographie de l’Autre Monde, comme le fleuve Achéron plein de poissons ternes et de roseaux (X.28.1), la barque de Charon (X.28.1-3), ainsi que le bois de Perséphone situé sur une colline et semé de peupliers et de saules (X.30.6). Les personnages représentés étaient inspirés de tous les cycles mythiques (le Troyen, le Thébain, l’Orphique etc.) et conservaient leurs attributs (vêtements, armes, animaux, instruments musicaux), éléments qui ont aidé le Périégète à les reconnaître.

§  Actéon, un chasseur habile qui a osé comparer ses compétences à celles d’Artémis, est représenté accompagné d’un cerf et un chien (X.30.5). Ces animaux se réfèrent au châtiment d’Actéon pour son outrage envers Artémis : la déesse l’transformé en cerf et l’a abandonné à la fureur de ses propres limiers.

§  Orphée est facilement reconnu grâce à sa cithare (X.30.6) et Marsyas grâce à sa flûte (X.30.9).

§  Callisto, une prêtresse d’Artémis qui, séduite par Zeus, a rompu son vœu de chasteté, est représentée assise sur une peau d’ourse (X.31.10), l’animal auquel Artémis l’a transformée pour la punir de son hybris.

A part la peinture disparue de Polygnotos, le Royaume des Morts a inspiré également les œuvres des céramistes de l’époque classique. Certaines peintures de vases représentent la Nekyia d’Ulysse et sont inspirées du texte homérique. L’influence de l’œuvre de Polygnotos sur ces représentations est également possible, mais les trouvailles des fouilles et les témoignages des textes antiques ne nous permettent pas de confirmer cette théorie.

§  Pélikè attique à figures rouges, datée de 440 av. J.-C. et attribuée au Peintre de Lycaon (Boston, Museum of Fine Arts 34.79). Ulysse et Elpénor.

§  Cratère lucanien daté de 400-390 av. J.-C. et attribué au Peintre de Dolon (Paris, Cabinet des Médailles, 422).Evocation de Tirésias par Ulysse.

 Outre Athènes, les motifs iconographiques représentant l’Autre Monde et les châtiments infernaux apparaissent aussi de façon récurrente en Italie du Sud. Dans les compositions italiotes, le Royaume des Morts est identifiable par des éléments picturaux spécifiques, comme la représentation du palais d’Hadès et la présence du dieu lui-même accompagné de Perséphone, mais aussi d’Hermès, de Cerbère et des Erinyes.

§  Cratère à volutes apulien du Peintre de l’Autre Monde, découvert à Canosa et daté de 320 av. J.-C. (Munich, Antikensammlung 3297)
(http://i551.photobucket.com/albums/ii459/history_of_macedonia/Sun%20of%20Vergina/greek_underworld.jpg)


Les châtiments infernaux

Le onzième chant de l’Odyssée constitue en quelque sorte une Katabasis, à savoir une description de la descente d’un héros vivant dans le Royaume des Morts afin d’accomplir des exploits mythiques. Certes Ulysse n’est arrivé que jusqu’aux lisières du domaine. Dans son cas, j’utilise le terme au sens large.

Parmi les dieux (Déméter et Dionysos) et les mortels qui ont pu franchir les portes d’Hadès et effectuer ce trajet, les héros les plus célèbres sont :

a.             Ulysse qui cherchait le conseil de Tirésias pour son retour à Ithaque (Homère, L’Odyssée, xi) ;
b.            Orphée dans l’objectif de demander le retour de son épouse Eurydice dans le monde des vivants. Selon Euripide (Alceste, 357-362), Orphée a réussi dans sa mission. En revanche, Platon (Le Banquet, 179d) indique qu’il a échoué car au lieu d’avoir le courage de mourir pour son amour, comme Alceste, il s’est présenté devant Hadès vivant pour demander le retour de sa femme morte ;
c.             Peirithoos et Thésée visant à enlever Perséphone (Homère, L’Odyssée, xi.630-631) ;
d.            Héraclès afin d’enlever Cerbère, dans le cadre de son dernier exploit (Homère, L’Odyssée, xi.623-626). Durant ce même exploit, il a d’ailleurs pu libérer Thésée qui avait été séquestré vivant dans le Royaume des Morts, suite à son attentat échoué d’enlever l’épouse d’Hadès. Par contre, il était obligé d’abandonner Peirithoos qui devait y demeurer à perpétuité)[1] ;

Ces Katabases héroïques, ont inspiré plusieurs auteurs anciens, tels Homère, Hésiode, Euripide et plus tard Virgile et Apollodore, qui, évoquant ces exploits, se référaient aussi aux personnages que les héros rencontraient, insistant notamment sur les figures des hybristai. Certains de ces personnages, coupables d’outrages envers les Olympiens lors de leur vivant, avaient été condamnés à purger des peines atroces après leur mort. Les châtiments infligés dans l’Autre Monde comprennent pour la plus grande partie l’acte sans fin, à savoir une activité qui se répète perpétuellement de la même façon sans parvenir jamais à s’achever.

Un exemple des plus caractéristiques de ce type de sanction est le supplice de Tantale condamné à la faim et la soif éternelles car il avait cuit et servi son fils, Pélops, comme repas aux Olympiens. Tantale était placé dans un lac, dont l’eau lui montait jusqu’au menton, mais quand il essayait d’assouvir sa soif, l’eau était absorbée par la terre, qui devenait sèche. De même, lorsqu’il essayait d’atteindre les fruits suspendus au-dessus de sa tête, le vent les emportait loin de sa portée (Homère, L’Odyssée, xi.582; Bacchylide, fr. 42; Tzetzès, Scholia in Lycophronem, 152)[2]. Alcée (fr. 365), Alcman (fr. 79), Archiloque (fr. 126.14-15) et Pindare (Olympiques, I.52-64) rapportent dans leurs poèmes un supplice supplémentaire : Tantale aurait dû passer l'éternité, un rocher placé en équilibre au-dessus de sa tête menaçant de l’écraser à tout moment.

§  Cratère à volutes apulien du Peintre de l’Autre Monde, découvert à Canosa et daté de 320 av. J.-C. (Munich, Antikensammlung 3297).

Un autre supplice, concerne le géant Tityos qui a essayé de violer Létô, la mère d’Apollon et d’Artémis. Suite à son comportement démesuré, il fut précipité dans le Royaume des Morts, où il était ligoté et où deux vautours dévoraient son foie, qui repoussait chaque nuit grâce aux rayons de la lune (Pausanias, X.29.3; Lucrèce, De rerum natura, III.984-991)[3]. Ce supplice, semblable à celui de Prométhée, n’a jamais connu la large diffusion en iconographie du châtiment de ce dernier et apparaît, par conséquent, très rarement dans l’art antique.

Les Danaïdes, les princesses d’Argos, qui ont tué leurs maris lors de leur nuit de noces suite à l’ordre de leur père, Danaos, étaient condamnées à remplir à jamais un  pithos (tonneau) percé (Pseudo-Platon, Axiochos, 371e; Lucrèce, De rerum natura, III.1003-1010; Pausanias, X.31.9).

§  Amphore apulienne proche du Peintre de la Patère, découverte à Altamura et datée de 330-320 av. J.-C. (Taranto, Museo Nazionale 76.010)[4].


 
 
Ixion, qui a essayé de séduire Héra pendant un banquet auquel il avait été invité par Zeus lui-même, a été enchainé sur une roue en flammes qui tournait à perpétuité (Phérécyde, fr. 103a-b). 

§  Amphore à col du Graveur d’Ixion, découverte à Cumes et datée de 330-310 av. J.-C. (Berlin, Staatliche Museen F 3023).

Oknos, un personnage mystérieux de la mythologie grecque dont on ignore complètement la vie, la profession et la provenance, passait l’éternité à tresser une corde qui était dévorée par un âne le moment où le transgresseur mettait un terme à son travail. Selon certains textes (Elien, De natura animalium, V.36.), il constitue une allégorie de l’indolence. Selon d’autres sources, il a été châtié car il n’a pas su résister aux exigences extravagantes de son épouse (Pausanias, X.29.1-2).

§  Lécythe attique à figures noires, daté de 500-490 av. J.-C. (Palerme, Museo Regionale 2141 [996].

Sisyphe, le roi de Corinthe, qui, de son vivant, avait plusieurs fois utilisé la ruse pour tromper les dieux (Pausanias, X.31.10), fut condamné à pousser éternellement sur une pente un immense rocher qui roulait jusqu’à son point de départ une fois que le transgresseur était parvenu à le transporter jusqu’au sommet.

§  Amphore à col à figures noires du Peintre de Bucci datée de 520-500 av. J.-C. (Munich, Antikensammlung 1493).

Nous constatons que, dans la majorité des châtiments mentionnés ci-dessus, un objet domine aussi bien dans l’évocation littéraire du mythe que dans sa représentation artistique –le tonneau des Danaïdes, la roue d’Ixion, la corde d’Oknos et le rocher de Sisyphe. Cet objet, identifié désormais avec un appareil de torture, est devenu un point de référence essentiel quant à la reconnaissance par le public des mythes figurés. Dans ces compositions –aussi bien athéniennes qu’italiotes (c'est-à-dire celles venant de l’Italie du Sud)-, les hybristai châtiés dans l’Autre Monde sont dans la plupart des cas représentés nus. Il est possible que cette nudité fasse allusion à leur faiblesse et leur vulnérabilité. Le manque d’habits pourrait également indiquer leur défaite dans la lutte contre les Olympiens, ainsi que l’impossibilité de se défendre dans leur situation actuelle.

Le caractère répétitif de ces supplices qui évoquent un acte inachevé a été souvent associé par des philosophes grecs, comme Platon (Platon, Gorgias, 493b; Pseudo-Platon, Axiochos, 371e), au destin des âmes des non-initiés aux cultes mystiques, tels les Eleusiniens, les Orphiques ou les Dionysiaques, et symbolisait par conséquent l’échec de cette initiation. Ainsi, les mythes se référant à des châtiments sans fin, comme ceux évoqués plus haut, ont été intrinsèquement liés entre eux, créant un thème générique subdivisé en plusieurs sous-motifs qui évoque le destin post mortem des non-initiés. Ce type de perception collective des tortures ayant lieu dans le Royaume des Morts a considérablement influencé la littérature et l’art de l’époque classique, non seulement en Grèce Continentale mais aussi en Italie du Sud, où les cultes chthoniens -à savoir associés aux divinités infernales- et mystiques étaient très populaires[5].

Les premières représentations de ces thèmes iconographiques datent du VIe siècle av. J.-C. et sont probablement inspirées de traditions plus anciennes sur le destin de l’âme après la mort. L’établissement d’une iconographie fixe de châtiments infernaux (Danaïdes, Oknos, Ixion, Sisyphe) figurés soit séparément soit dans le cadre de représentations collectives du Royaume d’Hadès, a conduit à la popularité de ces motifs auprès des artistes qui ont su les adapter aux mythes et aux traditions du public auquel ils s’adressaient[6]. Nous rencontrons cette pratique d’adaptation notamment en Italie du Sud, où les scènes figurées des supplices infernaux ont été considérablement influencées par la teneur chthonienne ajoutée à ces mythes dans cette région, indiquée par l’omniprésence de serpents et des Erinyes dans les représentations. Il est possible que cette prédilection soit due à l’immense popularité que le théâtre attique a connue parmi les peuples italiotes qui assistaient régulièrement aux représentations des drames d’Eschyle, de Sophocle et surtout d’Euripide qui se réfèrent fréquemment aux châtiments de ces hybristai[7].

 

Je terminerai cette présentation par une référence à l’évolution de ces motifs iconographiques à partir de l’époque romaine et jusqu’à la Renaissance.
La tendance des peuples de l’Italie du Sud à se tourner vers les cultes mystiques a considérablement influencé les artistes romains, qui ont associé les châtiments infernaux à la purification de l’âme après la mort par le biais du supplice ou de la récompense. Les tortures des Danaïdes, d’Oknos, d’Ixion, de Sisyphe et de Tantale apparaissent très souvent dans l’art funéraire romain –sur des reliefs, des autels, des urnes cinéraires et des peintures murales décorant des tombes- liées à l’idée de la rédemption par le supplice qui était très populaire auprès des Romains[8].

§  Exception: Représentation des châtiments des Danaïdes, de Sisyphe et de Tityos dans un contexte non-funéraire. Peinture murale de la Maison de l’Esquilin à Rome, datée de 30 av. J.-C., (Vatican, Bibliotheca Apostolica Vaticana s. n. Inv.)[9].

Enfin, vers la fin de l’Antiquité, lorsque les cultes et traditions antiques étaient désormais en crise, les châtiments des hybristai punis dans le Royaume d’Hadès ont maintenu quelque chose de leur popularité antérieure intégrant la tendance généralisée notée à l’époque d’introduire certains thèmes antiques dans un contexte moralisateur (qui édifiait les lecteurs quant au comportement approprié à assumer conforme aux principes chrétiens)[10]. Au début du Moyen Age, nombre d’auteurs de textes moralisants ont inclus les supplices infernaux dans leurs œuvres comme allégories des péchés capitaux chrétiens[11]. Ainsi, les Danaïdes symbolisaient-elles la gourmandise, Ixion était identifié avec la débauche, Sisyphe s’est transformé en allégorie de l’orgueil, Tityos est devenu la personnification de la lubricité, Oknos symbolisait l’oisiveté et Tantale était associé à la cupidité et l’avarice[12]. 

L’évocation de ces thèmes dans la littérature médiévale, ainsi qu’un certain nombre de traductions de textes antiques publiées en Europe à partir du XIVe siècle ont contribué à la diffusion et à l’intégration de certains de ces mythes au répertoire iconographique des artistes modernes, qui ont adapté les motifs antiques aux nouvelles conditions politiques, sociales et religieuses[13].

§  Le Titien, Sisyphe, 1549. Madrid, Museo Nacional del Prado 426.

Sisyphe figurait parmi les Grands Hybristai, une série de quatre tableaux représentant Ixion, Tantale, Sisyphe et Tityos, commandés au Titien par Marie de Hongrie, sœur de Charles Quint, en 1548 pour la décoration de son palais à Binche (actuellement en Belgique, en région Wallonne à l’Ouest du pays). Sisyphe est représenté pliant sous la charge, contrairement à la tradition antique, selon laquelle le héros roulait la pierre jusqu’au sommet de la pente. Selon une interprétation, les peintures commandées par Marie de Hongrie étaient investies d’un sens symbolique, visant à mettre en valeur la force de la famille des Habsbourg, à laquelle la reine appartenait, et le destin funeste de ses adversaires, tels les Turcs, les Protestants et les Français.

En 1555, les quatre œuvres ont été transférées par le roi Philippe II au Palais Alcázar de Madrid et placées dans la Pieza de las Furias (La Salle d’Hadès) ou Pieza de los Condenados (La Salle des Damnés)[14]. Les peintures auraient, alors, constitué une claire allusion au sort réservé aux ennemis du roi, une menace dissimulée, adressée aux ambassadeurs étrangers que Philippe II recevait dans cette salle.
Des quatre toiles, seules celles représentant Sisyphe et Tityos sont conservées et actuellement exposées au Prado (Madrid, Museo Nacional del Prado 426[15], 427[16]). Les tableaux représentant Ixion et Tantale étaient détruits lors d’un incendie en 1734.
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Nous constatons que les mythes évoquant les châtiments infligés dans le Royaume d’Hadès ont connu plusieurs versions et étaient largement diffusés tout au long de l’Antiquité, aussi bien en Grèce qu’en Italie. A partir du Moyen Age, ils ont été souvent repris et réinterprétés, adaptés aux principes et à l’idéologie de la société qui les adoptait. La pérennité de ces mythes ne constitue qu’un exemple parmi d’autres d’une Grèce antique intemporelle, dont le répertoire inépuisable d’images et de récits nourrit jusqu’à nos jours notre culture européenne contemporaine.

 
Bibliographie sélective

BRISSON, L., Orphée et l’Orphisme dans l’Antiquité gréco-romaine, 1995.
CANTARELLA, E., « Per una preistoria del castigo », dans THOMAS, Y. (éd.), Du châtiment dans la cité : supplices corporels et peine de mort dans le monde antique, 1984, pp. 37-73.
KERENYI, K., La mythologie des grecs : histoires des dieux et de l’humanité, 1952.
Lexicon Iconographicum Mythologiae Classicae (LIMC)
KEULS, E., The Water carriers in Hades : a study of Catharsis through toil in classical antiquity, 1974.
LOPEZ-TORRIJOS, R., La mitología en la pintura española del Siglo de Oro, 1985.
PAINESI, A., Du récit à la représentation : La transposition des sujets de la littérature grecque antique dans l’art gréco-romain et la peinture occidentale (XVe-XIXe siècles). Le cas de la Punition Divine,  Thèse de Doctorat, Paris, Université Paris Sorbonne (Paris IV), 2011.
PANOFSKY, E., Essais d’iconologie. Thèmes humanistes dans l’art de la Renaissance, 1967.
PANOFSKY, E., Le Titien. Questions d’iconologie, 1989.
POSSAMAÏ-PEREZ, M., « Nourriture et ivresse dans l’Ovide Moralisé », dans Banquets et manières de table au Moyen Age, Senefiance 38 (1996), pp. 235-254.
PUTTFARKEN, T.: Titian and Tragic Painting. Aristotle’s Poetics and the Rise of the Modern Artist, 2005.
STANSBURY-O’ DONNELL, M.D., « Polygnoto’s Nekyia-A Reconstruction and Analysis », AJA 94 (1990), pp. 213-235.



[1]Kerényi (1974) 232, 234, 424, 482-483, 523.
[2]Cantarella (1984) 49, 50, 51.
[3]Stansbury-O’Donnell (1990) 217-218, 220-fig. 3.
[4]Dessin effectué par moi-même.
[5]Brisson (1995) 1-10.
[6]Keuls (1974) 22, 27-28.
[7]Painesi (2011) 255, 264.
[8]Painesi (2011) 168-175.
[9]Keuls (1974) 117-n. 1, 120.
[10]Keuls (1974) 30; Painesi (2011) 522-525.
[11]Possamaï-Perez (1996) 240-243.
[12]Ovide Moralisé, f. 33v, 34r-v, 35r, 129r, 131r, 250r-v (Brugge, Openbare Bibliotheek 3877, in www.historischebronnenbrugge.be); Painesi (2011) 346-353, 355-362.
[13]Painesi (2011) 346-366, 463-480, 511-524.
[14]López-Torrijos (1985) 399; Panofsky (1989) 209-210; Puttfarken (2005) 78, 79, 81, 87, 95, 96, 99, 101, 122, 126.
[15]Panofsky (1967) 299 et n. 6, 311-n. 1; Panofsky (1989) 210, 211-fig. 139; Puttfarken (2005) 79, 83-fig. 27.
[16]Panofsky (1967) 333-Pl. 160; López-Torrijos (1985) 399-400; Panofsky (1989) 210, 212-fig. 140; Puttfarken (2005) 79, 82-fig. 26, 85-86.

 

dimanche 5 octobre 2014

Liens internet (cours de Terminale "L'Homme et l'Au-delà" + conférence n°1)


   Pour retrouver les vases étudiés en cours de grec Terminale (séquence 1, « L’Homme et l’Au-delà ») -certains étant évoqués lors de la conférence n°1-, cliquez sur les liens suivants qui vous mèneront aux fiches des musées.

1) Représentation des morts et des spectres :
§ Eos et Memnon (Louvre G115) :
§  Le massacre des prétendants (Louvre CA7124) :
§ Le massacre des enfants de Niobé (Louvre G341) :
§  Tecmessa couvrant le cadavre d’Ajax Malibu, Getty Museum 86.AE.386)
§  Ulysse consultant l’âme de Tirésias (Cabinet des Médailles de la BnF) : avec récit de l’épisode de l’Odyssée et extrait
 
2) Personnel des Enfers
§  Héraklès présente Cerbère à Eurysthée (Louvre E701) 
§  Héraklès et Cerbère
§  les lécythes > Charon le nocher ; Hermès psychopompe ; Thanatos et Hypnos
§  Cratère d’Euphronios, l’enlèvement par Thanatos et Hypnos de Sarpédon (New York, MET 1972.11.10)