Le cours de grec Terminale sur Diogène aura lieu comme annoncé en cours :
Samedi 10 janvier 2015, au Louvre, 10h30-11h45
Rendez-vous sous la pyramide à l'accueil central vers 10h20.
B.D.
L'outil de communication entre les élèves latinistes et hellénistes et leurs professeurs, une fois le seuil de la sortie du lycée franchi...
mercredi 24 décembre 2014
samedi 6 décembre 2014
A venir : 2ème conférence de grec
Nicolas Siron,
doctorant en Histoire grecque à l'Université Paris I Panthéon-Sorbonne,
membre de l'équipe de recherches Anthropologie et Histoire des Mondes Antiques ANHIMA
présentera le lundi 15 décembre 2014
dans la salle de conférences du lycée, de 17h à 18h,
la communication suivante :
Les procès à Athènes : lieux, pratiques, représentations
Présence obligatoire des élèves hellénistes de Seconde et de Terminale.
Conférence ouverte à tous, notamment les hellénistes Première qui n'ont pas cours, les latinistes,
les auditeurs des séances de la "prépa Sciences Po" etc.
mardi 25 novembre 2014
Comme un beau jour du mois d'août 79...
La destruction de Pompéi vue d'une webcam ?
C'est désormais possible, et saisissant. Une réalisation 3D qui est comme un voyage dans le temps.L'occasion de rappeler ici le témoignage de Pline le Jeune, qui a aidé les scientifiques à comprendre ce qui s'est passé ce jour-là dans la baie de Naples... (Lettres VI, 16 et 20)
A Tacite.
Vous me priez de vous apprendre au
vrai comment mon oncle [« Pline l’Ancien »] est mort, afin que vous
en puissiez instruire la postérité. Je vous en remercie. (…)
Il était à Misène, où il commandait la
flotte. Le 23e d'août, environ une heure
après midi, ma mère l'avertit qu'il paraissait un nuage d'une grandeur et d'une
figure extraordinaire. Après avoir été quelque temps couché au soleil,
selon sa coutume, et avoir pris un bain d'eau froide, il s'était jeté sur un
lit, où il étudiait. Il se lève, et
monte en un lieu d'où il pouvait aisément observer ce prodige. Il était
difficile de discerner de loin de quelle montagne ce nuage sortait. L'événement
a découvert depuis que c'était du mont Vésuve. Sa forme approchait de celle d'un arbre, et d'un pin plus que d'aucun
autre ; car, après s'être élevé fort haut en forme de tronc, il étendait une
espèce de branche. Je m'imagine qu'un vent souterrain le poussait d'abord
avec impétuosité, et le soutenait. Mais, soit
que l'impression diminuât peu à peu, soit que ce nuage fût affaissé par son
propre poids, on le voyait se dilater et se répandre. Il paraissait tantôt
blanc, tantôt noirâtre, et tantôt de diverses couleurs, selon qu'il était plus
chargé ou de cendre ou de terre. Ce prodige surprit mon oncle, qui était
très savant ; et il le crut digne d'être examiné de plus près. Il commande que
l'on appareille sa frégate légère, et me laisse la liberté de le suivre. Je lui
répondis que j'aimais mieux étudier ; et par hasard il m'avait lui-même donné
quelque chose à écrire. Il sortait de chez lui, ses tablettes à la main,
lorsque les troupes de la flotte qui étaient à Rétines, effrayées par la
grandeur du danger (car ce bourg est précisément sur Misène, et on ne s'en
pouvait sauver que par la mer), vinrent le conjurer de vouloir bien les
garantir d'un si affreux péril. Il ne changea pas de dessein, et poursuivit
avec un courage héroïque ce qu'il n'avait d'abord entrepris que par simple
curiosité. Il fait venir des galères, monte lui-même dessus, et part dans le
dessein de voir quel secours on pouvait donner non seulement à Rétines, mais à
tous les autres bourgs de cette côte, qui sont en grand nombre à cause de sa
beauté. Il se presse d'arriver au lieu d'où tout le monde fuit, et où le péril
paraissait plus grand ; mais avec une telle liberté d'esprit, qu'à mesure qu'il
apercevait quelque mouvement ou quelque figure extraordinaire dans ce prodige,
il faisait ses observations et les dictait. Déjà sur ces vaisseaux volait la cendre plus épaisse et plus chaude, à
mesure qu'ils approchaient ; déjà tombaient autour d'eux des pierres calcinées
et des cailloux tout noirs, tout brûlés, tout pulvérises parla violence du feu;
déjà lamer semblait refluer, et le rivage devenir inaccessible par des morceaux
entiers de montagnes dont il était couvert ; lorsque après s'être arrêté
quelques moments, incertain s'il retournerait, il dit à son pilote, qui lui
conseillait de gagner la pleine mer : « La fortune favorise le courage.
Tournez du côté de Pomponianus. » Pomponianus était à Stabie, en un
endroit séparé par un petit golfe que forme insensiblement la mer sur ces
rivages qui se courbent. Là, à la vue du péril, qui était encore éloigné, mais
qui semblait s'approcher toujours , il avait retiré tous ses meubles dans ses
vaisseaux, et n'attendait pour s'éloigner qu'un vent moins contraire. Mon
oncle, à qui ce même vent avait été très favorable, l'aborde, le trouve tout
tremblant, l'embrasse, le rassure, l'encourage ; et pour dissiper, par sa
sécurité, la crainte de son ami, il serait porter au bain. Après s'être baigné,
il se met à table, et soupe avec toute sa gaieté, ou (ce qui n'est pas moins
grand) avec toutes les apparences de sa gaieté ordinaire. Cependant on voyait luire, de plusieurs endroits du mont Vésuve, de
grandes flammes et des embrasements dont les ténèbres augmentaient l'éclat.
Mon oncle, pour rassurer ceux qui l'accompagnaient, leur dit que ce qu'ils
voyaient brûler, c'étaient des villages que les paysans alarmés avaient
abandonnés, et qui étaient demeurés sans secours. Ensuite il se coucha, et
dormit d'un profond sommeil ; car, comme il était puissant, on l'entendait
ronfler de l'antichambre.
Mais enfin la cour par où l'on entrait dans son
appartement commençait à se remplir si fort de cendres, que, pour peu qu'il eût
resté plus longtemps, il ne lui aurait plus été libre de sortir. On l'éveille ;
il sort, et va rejoindre Pomponianus et les autres qui avaient veillé. Ils
tiennent conseil, et délibèrent s'ils se renfermeront dans la maison, ou s'ils
tiendront la campagne : car les maisons
étaient tellement ébranlées par les fréquents tremblements de terre, que l'on
aurait dit qu'elles étaient arrachées de leurs fondements, et jetées tantôt
d'un côté, tantôt de l'autre, et puis remises à leurs places. Hors de la ville, la chute des pierres,
quoique légères et desséchées par le feu, était à craindre. Entre ces
périls, on choisit la rase campagne. Chez ceux de sa suite, une crainte
surmonta l'autre : chez lui, la raison la plus forte l'emporta sur la plus
faible. Ils sortent donc, et se couvrent la tète d'oreillers attachés avec des
mouchoirs ; ce fut toute la précaution qu'ils prirent contre ce qui tombait d'en
haut. Le jour recommençait ailleurs ; mais dans le lieu où ils étaient
continuait une nuit la plus sombre et la plus affreuse de toutes les nuits, et
qui n'était un peu dissipée que par la lueur d'un grand nombre de flambeaux et
d'autres lumières. On trouva bon de s'approcher du rivage, et d'examiner de
près ce que la mer permettait de tenter; mais on la trouva encore fort grosse,
et fort agitée d'un vent contraire. Là, mon oncle ayant demandé de l'eau et bu
deux fois, se coucha sur un drap qu'il fit étendre. Ensuite des flammes qui
parurent plus grandes, et une odeur de soufre qui annonçait leur approche,
mirent tout le monde en fuite. Il se lève, appuyé sur deux valets, et dans le
moment tombe mort. Je m'imagine qu'une fumée trop épaisse le suffoqua d'autant
plus aisément, qu'il avait la poitrine faible, et souvent la respiration
embarrassée. Lorsque l'on commença à
revoir la lumière (ce qui n'arriva que trois jours après), on retrouva au même
endroit son corps entier, couvert de la même robe qu'il portait quand il
mourut, et dans la posture plutôt d'un homme qui repose que d'un homme qui est
mort. Pendant ce temps, ma mère et moi nous étions à Misène. Mais cela ne
regarde plus votre histoire : vous ne voulez être informé que de la mort de mon
oncle. Je finis donc, et je n'ajoute plus qu'un mot: c'est que je ne vous ai
rien dit, ou que je n'aie vu ou que je n'aie appris, dans ces moments où la
vérité de l'action qui vient de se passer n'a pu encore être altérée. C'est à
vous de choisir ce qui vous paraîtra plus important. Il y a bien de la
différence entre écrire une lettre, ou une histoire; entre écrire pour un ami,
ou pour la postérité. Adieu.
_________________________________________________________
A Tacite.
La lettre que je vous ai écrite sur la
mort de mon oncle, dont vous aviez voulu être instruit, vous a, dites-vous,
donné beaucoup d'envie de savoir quelles alarmes et quels dangers j'essuyai à Misène,
où j'étais resté ; car c'est là que j'ai quitté mon histoire.
Quoiqu'au seul souvenir je sois saisi
d'horreur, je commence.
Après que mon oncle fut parti, je
continuai l'étude qui m'avait empêché de le suivre. Je pris le bain, je soupai,
je me couchai, et dormis peu, et d'un sommeil fort interrompu. Pendant
plusieurs jours, un tremblement de terre
s'était fait sentir, et nous avait d'autant moins étonnés, que les bourgades et
même les villes de la Campanie y sont fort sujettes. Il redoubla pendant cette nuit avec tant de violence, qu'on eût dit que
tout était, non pas agité, mais renversé. Ma mère entra brusquement dans ma
chambre, et trouva que je me levais, dans le dessein de l'éveiller, si elle eût
été endormie. Nous nous asseyons dans la cour, qui ne sépare le bâtiment d'avec
la mer que par un fort petit espace. Comme je n'avais que dix-huit ans, je ne
sais si je dois appeler fermeté nu imprudence ce que je fis : je demandai [un
ouvrage de] Tite-Live ; je me mis à le lire, et je continuai à l'extraire,
ainsi que j'aurais pu faire dans le plus grand calme.
Un ami de mon oncle
survint ; il était nouvellement arrivé d'Espagne pour le voir. Dès qu'il nous
aperçoit, ma mère et moi, assis, moi un livre à la main, il nous reproche, à
elle sa tranquillité, à moi ma confiance. Je n'en levai pas les yeux de dessus
mon livre. Il était déjà sept heures du
matin, et il ne paraissait encore qu'une lumière faible, comme une espèce
de crépuscule. Alors les bâtiments
furent ébranlés avec de si fortes secousses, qu'il n'y eut plus de sûreté à
demeurer dans un lieu à la vérité découvert, mais fort étroit. Nous prenons le parti de quitter la ville
: le peuple épouvanté nous suit en foule, nous presse, nous pousse ; et ce qui,
dans la frayeur, tient lieu de prudence, chacun ne croit rien de plus sûr que
ce qu'il voit faire aux autres. Après que nous fûmes sortis de la ville, nous
nous arrêtons; et là, nouveaux prodiges,
nouvelles frayeurs. Les voitures que nous avions emmenées avec nous étaient
à tout moment si agitées, quoiqu'en pleine campagne, qu'on ne pouvait même, en
les appuyant avec de grosses pierres, les arrêter en une place. La mer semblait se renverser sur elle-même,
et être comme chassée du rivage par l'ébranlement de la terre. Le rivage en
effet était devenu plus spacieux, et se trouvait rempli de différents poissons
demeurés à sec sur le sable. A l'opposé, une nuée noire et horrible, crevée par des feux qui s'élançaient en
serpentant, s'ouvrait, et laissait échapper de longues fusées semblables à des
éclairs, mais qui étaient beaucoup plus grandes. Alors l'ami dont je viens
de parler revint une seconde fois, et plus vivement, à la charge. « Si
votre frère, si votre oncle est vivant, nous dit-il, il souhaite sans doute que
vous vous sauviez ; et s'il est mort, il a souhaité que vous lui surviviez.
Qu'attendez-vous donc? Pourquoi ne vous sauvez-vous pas? » Nous lui
répondîmes que nous ne pouvions songer à notre sûreté, pendant que nous étions
incertains du sort de mon oncle. L'Espagnol part sans tarder davantage, et
cherche son salut dans une fuite précipitée.
Presque aussitôt la nuée tombe à terre, et couvre les mers
; elle dérobait à nos yeux l'île de Capri, qu'elle enveloppait, et nous faisait
perdre de vue le promontoire de Misène. Ma
mère me conjure, me presse, m'ordonne de me sauver, de quelque manière que ce
soit; elle me remontre que cela est facile à mon âge; et que pour elle, chargée d'années et
d'embonpoint, elle ne le pouvait faire ; qu'elle mourrait contente, si elle
n'était point cause de ma mort. Je lui déclare qu'il n'y avait point de salut
pour moi qu'avec elle ; je lui prends la main, et je la force de m'accompagner
: elle le fait avec peine, et se reproche de me retarder. La cendre commençait
à tomber sur nous, quoiqu'en petite quantité. Je tourne la tête, et j'aperçois
derrière nous une épaisse fumée qui nous suivait, en se répandant sur la terre
comme un torrent. Pendant que nous voyons encore, quittons le grand chemin,
dis-je à ma mère, de peur qu'en le suivant, la foule de ceux qui marchent sur
nos pas ne nous étouffe dans les ténèbres. A peine étions-nous écartés,
qu'elles augmentèrent de telle sorte, qu'on eût cru être, non pas dans une de
ces nuits noires et sans lune, mais dans une chambre où toutes les lumières
auraient été éteintes. Vous n'eussiez entendu que plaintes de femmes, que
gémissements d'enfants, que cris d'hommes. L'un appelait son père, l'autre son
fils, l'autre sa femme; ils ne se reconnaissent qu'à la voix. Celui-là déplorait son malheur, celui-ci le
sort de ses proches. Il s'en trouvait à qui la crainte de la mort faisait
invoquer la mort même. Plusieurs imploraient le secours des dieux ; plusieurs
croyaient qu'il n'y en avait plus, et comptaient que cette nuit était la
dernière et l'éternelle nuit, dans laquelle le monde devait être enseveli.
On ne manquait pas même de gens qui augmentaient la crainte raisonnable et
juste, par des terreurs imaginaires et chimériques. Ils disaient qu'à Misène
ceci était tombé, que cela brûlait ; et la frayeur donnait du poids à leurs
mensonges. Il parut une lueur qui nous annonçait, non le retour du jour, mais
l'approche du feu qui nous menaçait; il s'arrêta pourtant loin de nous. L'obscurité revient, et la pluie de cendres
recommence, et plus forte et plus épaisse. Nous étions réduits à nous lever
de temps eu temps, pour secouer nos habits ; et, sans cela, elle nous eût
accablés et engloutis. Je pourrais me vanter qu'au milieu de si affreux
dangers, il ne m'échappa ni plainte, ni faiblesse; mais j'étais soutenu par
cette consolation peu raisonnable, quoique naturelle à l'homme, de croire que
tout l'univers périssait avec moi.
Enfin,
cette épaisse et noire vapeur se dissipa peu à peu, et se perdit tout à
fait, comme une fumée ou comme un nuage. Bientôt après parut le jour, et le soleil même, jaunâtre pourtant, et tel
qu'il a coutume de luire dans une éclipse. Tout se montrait changé à nos
yeux, troublés encore ; et nous ne trouvions rien qui ne fût caché sous des
monceaux de cendre, comme sous de la neige. On retourne à Misène. Chacun s'y
rétablit de son mieux : et nous y passons une nuit entre la crainte et
l'espérance, mais où la crainte eut la meilleure part ; car le tremblement de
terre continuait. On ne voyait que gens effrayés, entretenir leur crainte et
celle des autres par de sinistres prédictions. Il ne nous vint pourtant aucune
pensée de nous retirer, jusqu'à ce que nous eussions eu des nouvelles de mon
oncle, quoique nous fussions encore dans l'attente d'un péril si effroyable, et
que nous avions vu de si près. Vous ne lirez pas ceci pour l'écrire, car il ne
mérite pas d'entrer dans votre histoire ; et vous n'imputerez qu'à vous-même,
qui l'avez exigé, si vous n'y trouvez rien qui soit digne même d'une lettre. Adieu.
mercredi 19 novembre 2014
Archéologie, kézako ?
Pour tout savoir en quelques minutes, sur les métiers et les facettes de l'archéologie :
http://www.universcience.tv/categorie-les-experts-de-l-archeologie-films-d-animation-557.html
Parce que notre savoir ne nous vient pas des seuls textes, et que philologie et archéologie sont complémentaires !
Bonne découverte.
B.D.
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Parce que notre savoir ne nous vient pas des seuls textes, et que philologie et archéologie sont complémentaires !
Bonne découverte.
B.D.
dimanche 2 novembre 2014
Des outils pour bien redémarrer
Après les blogs ludiques proposés pour les vacances, voici quelques liens utiles aux latinistes et hellénistes pour accéder à des fiches et documentaires.
- http://www.arretetonchar.fr/langue/ : fiche synthétique sur les 5 déclinaisons (et chanson pour les mémoriser, si si !) du LATIN ; fonctions et cas ; conjugaison de l'infectum LATIN ; prépositions du GREC et du LATIN ; fiches thématiques de vocabulaire LATIN et GREC et caetera et caetera...
- http://www.arretetonchar.fr/fiches-dexercices-latin-espagnol-espagnol-latin/ : fiches-jeu de vocabulaire croisé latin/espagnol. Très pratique !
- http://www.arretetonchar.fr/fiche-synthetique-le-cursus-honorum/ pour tout savoir sur le cursus honorum.
Dans un autre registre, pour les plus mélomanes d'entre vous,
http://www.dailymotion.com/video/xe0gxi_annie-belis-reecouter-la-musique-gr_music : une conférence de la spécialiste française de la musique grecque antique (un quart d'heure), passionnante !
Bon voyage en Antiquité !
B.D.
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- http://www.arretetonchar.fr/fiche-synthetique-le-cursus-honorum/ pour tout savoir sur le cursus honorum.
A vous de naviguer un peu et de découvrir par vous-même, sur ce site (arretetonchar.fr) des documents très variés, souvent amusant et pédagogiques, et sur tous sujets antiques.
Dans un autre registre, pour les plus mélomanes d'entre vous,
http://www.dailymotion.com/video/xe0gxi_annie-belis-reecouter-la-musique-gr_music : une conférence de la spécialiste française de la musique grecque antique (un quart d'heure), passionnante !
Bon voyage en Antiquité !
B.D.
samedi 18 octobre 2014
Deux sites ludiques pour découvrir l'Antiquité en s'amusant
Récréation de vacances : deux
sites ayant pour sujet l'Antiquité, qui pourront intéresser les
collégiens comme les lycéens par leur simplicité mêlée à leur
sérieux scientifique...
Bonnes vacances.
B.D.
Pour mieux connaître l'empereur
Hadrien et l'Empire romain au II°s.
Pour comprendre l'archéologie et
découvrir l'archéozoologie
lundi 13 octobre 2014
Texte conférence 1
Le texte de la conférence n°1, très généreusement offert par Anastasia Painesi, qui nous a embarqués pour un voyage aux Enfers l'autre soir, est disponible ici même.
Bonne lecture ! Et merci encore à Anastasia.
B.D.
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L’Homme et l’Au-delà :
Pistes de réflexion sur l’iconographie des châtiments infligés
dans le Royaume d’Hadès
Je souhaiterais d’abord remercier M. Le Cor, Proviseur du Lycée, et M.
Maisonnial, Proviseur Adjoint, ainsi que votre professeur M. Dercy qui
m’ont invitée à vous parler aujourd’hui sur le châtiment divin antique, sujet
qui fait partie de ma thèse de doctorat.
La présente intervention portera notamment sur les préoccupations de
l’homme antique quant au destin de son âme après la mort, préoccupations qui
sont d’ailleurs aussi celles de l’homme actuel.
Je me référerai, d’abord, brièvement à la topographie du Royaume d’Hadès
et à ses habitants. Ensuite, je me focaliserai essentiellement sur les
châtiments infligés dans cet endroit, évoqués dans les textes littéraires et surtout
l’iconographie de l’époque classique. Enfin, je tâcherai de retracer de façon
succincte l’évolution au fil des siècles de ces motifs, qui ont fasciné auteurs
et artistes de l’Antiquité jusqu’à l’époque moderne.
Topographie du Royaume
d’Hadès
Durant l’Antiquité, le Royaume des Morts était sous l’exclusive juridiction
d’Hadès, fils de Cronos et de Rhéa, frère de Zeus et de Poséidon.
La topographie de son royaume était bien établie déjà depuis l’époque d’Homère
et d’Hésiode, vers le milieu du VIIIe siècle av. J.-C. Le domaine
est traversé par quatre fleuves, l’Achéron, le Pyriphlégéthon, le Styx et le
Cocyte. Il est entouré des bois (dits de Perséphone) comportant de saules et de
peupliers aux fruits morts, des marais créés par les eaux stagnantes des
rivières (Homère, L’Odyssée,
x.509-515), ainsi que d’autres endroits propres aussi au monde des vivants,
comme des prairies (le Pré de l’Asphodèle, xi.539). Malgré ses ressemblances
topographiques avec le monde des vivants, le Royaume des Morts est, selon
Homère, un endroit sombre et triste, dominé par une atmosphère de mélancolie
propre à l’état des âmes des morts (aussi bien des vertueux, que des hybristai, à savoir des personnes ayant
commis des démesures horribles envers les Olympiens et les lois établies par
eux). Ces âmes ne sont désormais que des ombres (σκιαί) avides de
sang. Enfin, l’Autre Monde est férocement protégé par Cerbère, le chien aux
trois têtes, qui empêche les entrées et les sorties non-autorisées (Hésiode, Théogonie, 767-773).
Une impression assez précise de l’image que les Grecs avaient du Royaume
d’Hadès devrait être représentée dans la Nekyia ,
le tableau de Polygnotos de Thasos qui décorait, vers le milieu du Ve siècle
av. J.-C. (ca. 460 av. J.-C.), la
Lesché des Cnidiens à Delphes –un édifice qui servait de
point de rencontre des visiteurs du sanctuaire. La peinture, inspirée par la Minyade ,
les poèmes d’Archiloque et surtout le onzième chant de l’Odyssée, est devenue elle-même un point de référence essentiel
aussi bien pour les auteurs, que pour les artistes postérieurs.
A part les figures des défunts, l’œuvre contenait, selon Pausanias (Pausanias,
X.28-31), qui l’a explicitement décrite (X.28-31), un grand nombre d’éléments
indicatifs de la topographie de l’Autre Monde, comme le fleuve Achéron plein de
poissons ternes et de roseaux (X.28.1), la barque de Charon (X.28.1-3), ainsi
que le bois de Perséphone situé sur une colline et semé de peupliers et de
saules (X.30.6). Les personnages représentés étaient inspirés de tous les
cycles mythiques (le Troyen, le Thébain, l’Orphique etc.) et conservaient leurs
attributs (vêtements, armes, animaux, instruments musicaux), éléments qui ont aidé
le Périégète à les reconnaître.
§
Actéon, un chasseur habile qui a osé comparer
ses compétences à celles d’Artémis, est représenté accompagné d’un cerf et un
chien (X.30.5). Ces animaux se réfèrent au châtiment d’Actéon pour son outrage
envers Artémis : la déesse l’transformé en cerf et l’a abandonné à la
fureur de ses propres limiers.
§
Orphée est facilement reconnu grâce à sa cithare
(X.30.6) et Marsyas grâce à sa flûte (X.30.9).
§
Callisto, une prêtresse d’Artémis qui, séduite
par Zeus, a rompu son vœu de chasteté, est représentée assise sur une peau
d’ourse (X.31.10), l’animal auquel Artémis l’a transformée pour la punir de son
hybris.
A part la peinture disparue de Polygnotos, le Royaume des Morts a inspiré
également les œuvres des céramistes de l’époque classique. Certaines peintures
de vases représentent la Nekyia d’Ulysse et
sont inspirées du texte homérique. L’influence de l’œuvre de Polygnotos sur ces
représentations est également possible, mais les trouvailles des fouilles et
les témoignages des textes antiques ne nous permettent pas de confirmer cette
théorie.
§
Pélikè attique à figures rouges, datée de 440
av. J.-C. et attribuée au Peintre de Lycaon (Boston, Museum of Fine
Arts 34.79). Ulysse et Elpénor.
§
Cratère lucanien daté de 400-390 av. J.-C. et
attribué au Peintre de Dolon (Paris, Cabinet des Médailles, 422).Evocation de
Tirésias par Ulysse.
Outre Athènes, les motifs
iconographiques représentant l’Autre Monde et les châtiments infernaux
apparaissent aussi de façon récurrente en Italie du Sud. Dans les compositions
italiotes, le Royaume des Morts est identifiable par des éléments picturaux
spécifiques, comme la représentation du palais d’Hadès et la présence du dieu
lui-même accompagné de Perséphone, mais aussi d’Hermès, de Cerbère et des
Erinyes.
§
Cratère
à volutes apulien du Peintre de l’Autre Monde, découvert à Canosa et daté de
320 av. J.-C. (Munich, Antikensammlung 3297)
(http://i551.photobucket.com/albums/ii459/history_of_macedonia/Sun%20of%20Vergina/greek_underworld.jpg)
Les châtiments
infernaux
Le onzième chant de l’Odyssée constitue en quelque sorte une Katabasis, à savoir une description de
la descente d’un héros vivant dans le Royaume des Morts afin d’accomplir des
exploits mythiques. Certes Ulysse n’est arrivé que jusqu’aux lisières du
domaine. Dans son cas, j’utilise le terme au sens large.
Parmi les dieux (Déméter et Dionysos) et les mortels qui ont pu franchir
les portes d’Hadès et effectuer ce trajet, les héros les plus célèbres sont :
a.
Ulysse qui cherchait le conseil de Tirésias pour son
retour à Ithaque (Homère, L’Odyssée,
xi) ;
b.
Orphée dans l’objectif de demander le retour de son
épouse Eurydice dans le monde des vivants. Selon Euripide (Alceste, 357-362), Orphée a réussi dans sa mission. En revanche, Platon
(Le Banquet, 179d) indique qu’il a
échoué car au lieu d’avoir le courage de mourir pour son amour, comme Alceste, il
s’est présenté devant Hadès vivant pour demander le retour de sa femme morte ;
c.
Peirithoos et Thésée visant à enlever Perséphone (Homère,
L’Odyssée, xi.630-631) ;
d.
Héraclès afin d’enlever Cerbère, dans le cadre de son
dernier exploit (Homère, L’Odyssée,
xi.623-626). Durant ce même exploit, il a d’ailleurs pu libérer Thésée qui
avait été séquestré vivant dans le Royaume des Morts, suite à son attentat
échoué d’enlever l’épouse d’Hadès. Par contre, il était obligé d’abandonner Peirithoos
qui devait y demeurer à perpétuité)[1] ;
Ces Katabases héroïques, ont
inspiré plusieurs auteurs anciens, tels Homère, Hésiode, Euripide et plus tard
Virgile et Apollodore, qui, évoquant ces exploits, se référaient aussi aux
personnages que les héros rencontraient, insistant notamment sur les figures
des hybristai. Certains de ces
personnages, coupables d’outrages envers les Olympiens lors de leur vivant,
avaient été condamnés à purger des peines atroces après leur mort. Les
châtiments infligés dans l’Autre Monde comprennent pour la plus grande partie
l’acte sans fin, à savoir une activité qui se répète perpétuellement de la même
façon sans parvenir jamais à s’achever.
Un exemple des plus caractéristiques de ce type de sanction est le
supplice de Tantale condamné à la
faim et la soif éternelles car il avait cuit et servi son fils, Pélops, comme
repas aux Olympiens. Tantale était
placé dans un lac, dont l’eau lui montait jusqu’au menton, mais quand il
essayait d’assouvir sa soif, l’eau était absorbée par la terre, qui devenait
sèche. De même, lorsqu’il essayait d’atteindre les fruits suspendus au-dessus
de sa tête, le vent les emportait loin de sa portée (Homère, L’Odyssée, xi.582; Bacchylide, fr. 42;
Tzetzès, Scholia in Lycophronem, 152)[2]. Alcée (fr. 365), Alcman (fr. 79), Archiloque (fr. 126.14-15) et Pindare (Olympiques, I.52-64)
rapportent dans leurs poèmes un supplice supplémentaire : Tantale aurait
dû passer l'éternité, un rocher placé en équilibre au-dessus de sa tête
menaçant de l’écraser à tout moment.
§ Cratère à volutes apulien du Peintre de
l’Autre Monde, découvert à Canosa et daté de 320 av. J.-C. (Munich,
Antikensammlung 3297).
Un autre supplice, concerne le géant Tityos
qui a essayé de violer Létô, la mère d’Apollon et d’Artémis. Suite à son
comportement démesuré, il fut précipité
dans le Royaume des Morts, où il était ligoté et où deux vautours dévoraient
son foie, qui repoussait chaque nuit grâce aux rayons de la lune (Pausanias,
X.29.3; Lucrèce, De rerum natura, III.984-991)[3]. Ce supplice, semblable à celui de Prométhée,
n’a jamais connu la large diffusion en iconographie du châtiment de ce dernier
et apparaît, par conséquent, très rarement dans l’art antique.
Les Danaïdes, les princesses
d’Argos, qui ont tué leurs maris lors de leur nuit de noces suite à l’ordre de
leur père, Danaos, étaient condamnées à remplir à jamais un pithos
(tonneau) percé (Pseudo-Platon, Axiochos, 371e; Lucrèce, De rerum natura, III.1003-1010; Pausanias,
X.31.9).
§ Amphore apulienne proche du Peintre de la Patère , découverte à
Altamura et datée de 330-320 av. J.-C. (Taranto, Museo
Nazionale 76.010)[4].
Ixion, qui a essayé de séduire
Héra pendant un banquet auquel il avait été invité par Zeus lui-même, a été
enchainé sur une roue en flammes qui tournait à perpétuité (Phérécyde, fr.
103a-b).
§
Amphore
à col du Graveur d’Ixion, découverte à Cumes et datée de 330-310 av. J.-C.
(Berlin, Staatliche Museen F 3023).
Oknos, un personnage mystérieux de la mythologie
grecque dont on ignore complètement la vie, la profession et la provenance,
passait l’éternité à tresser une corde qui était dévorée par un âne le moment
où le transgresseur mettait un terme à son travail. Selon certains
textes (Elien, De natura animalium, V.36.), il constitue une allégorie
de l’indolence. Selon d’autres sources, il a été châtié car il n’a pas su résister
aux exigences extravagantes de son épouse (Pausanias, X.29.1-2).
§
Lécythe
attique à figures noires, daté de 500-490 av. J.-C. (Palerme, Museo Regionale
2141 [996].
Sisyphe, le roi de
Corinthe, qui, de son vivant, avait plusieurs fois utilisé la ruse pour tromper
les dieux (Pausanias, X.31.10), fut condamné à pousser éternellement sur
une pente un immense rocher qui roulait
jusqu’à son point de départ une fois que le transgresseur était parvenu à le
transporter jusqu’au sommet.
§ Amphore à col à figures noires du Peintre de
Bucci datée de 520-500 av. J.-C. (Munich, Antikensammlung 1493).
Nous constatons que, dans la majorité des châtiments mentionnés
ci-dessus, un objet domine aussi bien dans l’évocation littéraire du mythe que
dans sa représentation artistique –le tonneau des Danaïdes, la roue d’Ixion, la
corde d’Oknos et le rocher de Sisyphe. Cet objet, identifié désormais avec un
appareil de torture, est devenu un point de référence essentiel quant à la
reconnaissance par le public des mythes figurés. Dans ces compositions –aussi
bien athéniennes qu’italiotes (c'est-à-dire celles venant de l’Italie du Sud)-,
les hybristai châtiés dans l’Autre
Monde sont dans la plupart des cas représentés nus. Il est possible que cette
nudité fasse allusion à leur faiblesse et leur vulnérabilité. Le manque d’habits
pourrait également indiquer leur défaite dans la lutte contre les Olympiens,
ainsi que l’impossibilité de se défendre dans leur situation actuelle.
Le caractère répétitif de ces supplices qui évoquent un acte inachevé a
été souvent associé par des philosophes grecs, comme Platon (Platon, Gorgias,
493b; Pseudo-Platon, Axiochos, 371e), au destin des âmes des non-initiés
aux cultes mystiques, tels les Eleusiniens, les Orphiques ou les Dionysiaques,
et symbolisait par conséquent l’échec de
cette initiation. Ainsi, les mythes se référant à des châtiments sans fin,
comme ceux évoqués plus haut, ont été intrinsèquement liés entre eux, créant un
thème générique subdivisé en plusieurs sous-motifs qui évoque le destin post mortem des non-initiés. Ce type de
perception collective des tortures ayant lieu dans le Royaume des Morts a
considérablement influencé la littérature et l’art de l’époque classique, non
seulement en Grèce Continentale mais aussi en Italie du Sud, où les cultes
chthoniens -à savoir associés aux divinités infernales- et mystiques étaient
très populaires[5].
Les premières représentations de
ces thèmes iconographiques datent du VIe siècle av. J.-C. et sont
probablement inspirées de traditions plus anciennes sur le destin de l’âme
après la mort. L’établissement d’une iconographie fixe de châtiments infernaux
(Danaïdes, Oknos, Ixion, Sisyphe) figurés soit séparément soit dans le cadre de
représentations collectives du Royaume d’Hadès, a conduit à la popularité de
ces motifs auprès des artistes qui ont su les adapter aux mythes et aux
traditions du public auquel ils s’adressaient[6]. Nous rencontrons cette pratique d’adaptation
notamment en Italie du Sud, où les scènes figurées des supplices infernaux ont
été considérablement influencées par la teneur chthonienne ajoutée à ces mythes
dans cette région, indiquée par l’omniprésence de serpents et des Erinyes dans
les représentations. Il est possible que cette prédilection soit due à
l’immense popularité que le théâtre attique a connue parmi les peuples italiotes
qui assistaient régulièrement aux représentations des drames d’Eschyle, de
Sophocle et surtout d’Euripide qui se réfèrent fréquemment aux châtiments de
ces hybristai[7].
Je terminerai cette présentation
par une référence à l’évolution de ces motifs iconographiques à partir de
l’époque romaine et jusqu’à la
Renaissance.
La tendance des peuples de
l’Italie du Sud à se tourner vers les cultes mystiques a considérablement
influencé les artistes romains, qui ont associé les châtiments infernaux à la
purification de l’âme après la mort par le biais du supplice ou de la
récompense. Les tortures des Danaïdes, d’Oknos, d’Ixion, de Sisyphe et de
Tantale apparaissent très souvent dans l’art funéraire romain –sur des reliefs,
des autels, des urnes cinéraires et des peintures murales décorant des tombes-
liées à l’idée de la rédemption par le supplice qui était très populaire
auprès des Romains[8].
§ Exception: Représentation des
châtiments des
Danaïdes, de Sisyphe et de Tityos dans un contexte
non-funéraire. Peinture murale
de la Maison
de l’Esquilin à Rome, datée de 30 av. J.-C., (Vatican, Bibliotheca
Apostolica Vaticana s. n. Inv.)[9].
Enfin, vers la fin de
l’Antiquité, lorsque les cultes et traditions antiques étaient désormais en
crise, les châtiments des hybristai
punis dans le Royaume d’Hadès ont maintenu quelque chose de leur popularité
antérieure intégrant la tendance généralisée notée à l’époque d’introduire
certains thèmes antiques dans un contexte moralisateur (qui édifiait les
lecteurs quant au comportement approprié à assumer conforme aux principes
chrétiens)[10]. Au début du Moyen Age,
nombre d’auteurs de textes moralisants ont inclus les supplices infernaux dans
leurs œuvres comme allégories des péchés capitaux chrétiens[11]. Ainsi,
les Danaïdes symbolisaient-elles la gourmandise, Ixion était identifié avec la
débauche, Sisyphe s’est transformé en allégorie de l’orgueil, Tityos est devenu
la personnification de la lubricité, Oknos symbolisait l’oisiveté et Tantale
était associé à la cupidité et l’avarice[12].
L’évocation de ces thèmes dans la littérature médiévale, ainsi qu’un
certain nombre de traductions de textes antiques publiées en Europe à partir du
XIVe siècle ont contribué à la diffusion et à l’intégration de
certains de ces mythes au répertoire iconographique des artistes modernes, qui
ont adapté les motifs antiques aux nouvelles conditions politiques, sociales et
religieuses[13].
§ Le Titien, Sisyphe, 1549. Madrid, Museo Nacional del Prado 426.
Sisyphe figurait parmi les Grands
Hybristai, une série de quatre tableaux représentant Ixion, Tantale,
Sisyphe et Tityos, commandés au Titien par Marie de Hongrie, sœur de Charles Quint, en 1548 pour la
décoration de son palais à Binche (actuellement en Belgique, en région Wallonne
à l’Ouest du pays). Sisyphe est représenté pliant sous la charge, contrairement
à la tradition antique, selon laquelle le héros roulait la pierre jusqu’au
sommet de la pente. Selon une interprétation, les peintures commandées par
Marie de Hongrie étaient investies d’un sens symbolique, visant à mettre en
valeur la force de la famille des Habsbourg, à laquelle la reine appartenait,
et le destin funeste de ses adversaires, tels les Turcs, les Protestants et les
Français.
En 1555, les quatre œuvres ont été transférées par le roi Philippe II au
Palais Alcázar de Madrid et placées dans la Pieza de las Furias (La Salle d’Hadès) ou Pieza de los Condenados (La Salle des Damnés)[14]. Les
peintures auraient, alors, constitué une claire allusion au sort réservé aux
ennemis du roi, une menace dissimulée, adressée aux ambassadeurs étrangers que
Philippe II recevait dans cette salle.
Des quatre toiles, seules celles représentant Sisyphe et Tityos sont
conservées et actuellement exposées au Prado (Madrid, Museo Nacional del Prado
426[15], 427[16]).
Les tableaux représentant Ixion et Tantale étaient détruits lors d’un incendie en
1734.
Nous constatons que les mythes évoquant les
châtiments infligés dans le Royaume d’Hadès ont connu plusieurs versions et
étaient largement diffusés tout au long de l’Antiquité, aussi bien en Grèce
qu’en Italie. A partir du Moyen Age, ils ont été souvent repris et
réinterprétés, adaptés aux principes et à l’idéologie de la société qui les
adoptait. La pérennité de ces mythes ne constitue qu’un exemple parmi d’autres
d’une Grèce antique intemporelle, dont le répertoire inépuisable d’images et de
récits nourrit jusqu’à nos jours notre culture européenne contemporaine.
Bibliographie sélective
BRISSON, L., Orphée et l’Orphisme dans l’Antiquité gréco-romaine, 1995.
CANTARELLA,
E., « Per una preistoria del castigo », dans THOMAS, Y. (éd.), Du châtiment dans la cité : supplices
corporels et peine de mort dans le monde antique, 1984, pp. 37-73.
KERENYI, K., La mythologie des
grecs : histoires des dieux et de l’humanité, 1952.
Lexicon Iconographicum Mythologiae Classicae (LIMC)
KEULS, E., The Water carriers in Hades : a study of
Catharsis through toil in classical antiquity, 1974.
LOPEZ-TORRIJOS, R., La mitología en la pintura española del
Siglo de Oro, 1985.
PAINESI, A., Du récit à la
représentation : La transposition des sujets de la littérature grecque
antique dans l’art gréco-romain et la peinture occidentale (XVe-XIXe
siècles). Le cas de la
Punition Divine , Thèse de Doctorat, Paris, Université
Paris Sorbonne (Paris IV), 2011.
PANOFSKY,
E., Essais d’iconologie. Thèmes
humanistes dans l’art de la
Renaissance , 1967.
PANOFSKY, E., Le Titien.
Questions d’iconologie, 1989.
POSSAMAÏ-PEREZ,
M., « Nourriture et ivresse dans l’Ovide
Moralisé », dans Banquets et
manières de table au Moyen Age, Senefiance 38 (1996), pp. 235-254.
PUTTFARKEN, T.: Titian and Tragic Painting. Aristotle’s Poetics and the Rise of the
Modern Artist, 2005.
STANSBURY-O’ DONNELL, M.D.,
« Polygnoto’s Nekyia-A Reconstruction and Analysis », AJA 94 (1990), pp. 213-235.
[3]Stansbury-O’Donnell (1990) 217-218,
220-fig. 3.
[4]Dessin effectué par
moi-même.
[5]Brisson (1995) 1-10.
[6]Keuls (1974) 22, 27-28.
[7]Painesi (2011) 255, 264.
[8]Painesi
(2011) 168-175.
[9]Keuls (1974) 117-n. 1, 120.
[10]Keuls (1974) 30; Painesi (2011) 522-525.
[11]Possamaï-Perez (1996) 240-243.
[12]Ovide Moralisé, f. 33v, 34r-v, 35r,
129r, 131r, 250r-v (Brugge, Openbare
Bibliotheek 3877, in
www.historischebronnenbrugge.be); Painesi (2011) 346-353, 355-362.
[13]Painesi (2011) 346-366, 463-480, 511-524.
[14]López-Torrijos (1985) 399; Panofsky (1989) 209-210;
Puttfarken (2005) 78, 79, 81, 87, 95, 96, 99, 101, 122, 126.
[15]Panofsky (1967) 299 et n.
6, 311-n. 1; Panofsky (1989) 210, 211-fig. 139; Puttfarken (2005) 79, 83-fig. 27.
[16]Panofsky (1967) 333-Pl.
160; López-Torrijos (1985) 399-400; Panofsky (1989) 210, 212-fig. 140;
Puttfarken (2005) 79, 82-fig. 26, 85-86.
dimanche 5 octobre 2014
Liens internet (cours de Terminale "L'Homme et l'Au-delà" + conférence n°1)
Pour retrouver les vases étudiés en cours de grec Terminale (séquence 1, « L’Homme et l’Au-delà ») -certains étant évoqués lors de la conférence n°1-, cliquez sur les liens suivants qui vous mèneront aux fiches des musées.
1) Représentation
des morts et des spectres :
§
Eos et Memnon (Louvre G115) :
§
Le massacre des prétendants (Louvre
CA7124) :
§
Le massacre des enfants de Niobé (Louvre G341) :
§
Tecmessa couvrant le cadavre d’Ajax
Malibu, Getty Museum 86.AE.386)
§
Ulysse consultant l’âme de Tirésias (Cabinet
des Médailles de la BnF) : avec
récit de l’épisode de l’Odyssée et
extrait
2) Personnel des
Enfers
§
Héraklès présente Cerbère à Eurysthée
(Louvre E701)
§
Héraklès et Cerbère§ les lécythes > Charon le nocher ; Hermès psychopompe ; Thanatos et Hypnos
§ Cratère d’Euphronios, l’enlèvement par Thanatos et Hypnos de Sarpédon (New York, MET 1972.11.10)
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